Herménégilde Lavoie ou l’embellissement du cinéma documentaire québécois

Marie Fal­lon


Né à Saint-Jérôme au Lac Saint-Jean en 1908, Her­mé­né­gilde Lavoie1 tra­vaille pour l’Office du tou­risme et de la publi­ci­té du Qué­bec (créé en 1927) de 1928 à 1948, après avoir fait des études en archi­tec­ture2. À l’Office du tou­risme, Lavoie joue notam­ment le rôle d’agent de liai­son pour des confé­ren­ciers, des artistes et des cinéastes étran­gers en visite dans la Belle Pro­vince. Il guide par exemple le direc­teur musi­cal de la Metro-Goldwyn-Mayer, Her­bert Sto­thart3, le réa­li­sa­teur de la Twen­tieth Cen­tu­ry-Fox et écri­vain spor­tif Otto Lang4 ou encore l’artiste et cinéaste Tru­man Bai­ley5.

Figure 1 : Truman Bailey [Baily ?], cinéaste américain, 1942. Fonds Ministère de la Culture et des Communications, Centre d’archives de Québec de BAnQ, cote E6,S7,SS1,P6010.
Figure 1 : Tru­man Bai­ley [Bai­ly ?], cinéaste amé­ri­cain, 1942. Fonds Minis­tère de la Culture et des Com­mu­ni­ca­tions, Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ, cote E6,S7,SS1,P6010.

Comme le sou­ligne son fils Richard Lavoie, la pro­vince « était demeu­rée très “xviie siècle”, donc attrayante pour les médias amé­ri­cains et euro­péens6 ». De 1933 à 1960, Her­mé­né­gilde Lavoie réa­lise une soixan­taine de films docu­men­taires et de com­mande de courts, moyens et longs métrages sur des sujets aus­si variés que l’industrie, le tou­risme, l’Église ou l’éducation, entre autres7. Ces clien­tèles sou­haitent don­ner une plus grande visi­bi­li­té à leurs acti­vi­tés, d’où la visée pro­mo­tion­nelle de la plu­part des films de Lavoie. Le réa­li­sa­teur col­la­bore aus­si ponc­tuel­le­ment avec le Ser­vice de ciné-pho­to­gra­phie de la pro­vince de Qué­bec (SCP) créé en 1941. Comme le démontrent les tra­vaux de l’historien du ciné­ma Louis Pel­le­tier, le SCP pri­vi­lé­gie une concep­tion du ciné­ma se démar­quant de celle de l’Office natio­nal du film du Cana­da (ONF) créé deux ans plus tôt, en 1939, pour lequel Lavoie n’aura jamais l’occasion de travailler :

[L]es cinéastes du SCP sont davan­tage pré­oc­cu­pés par la dimen­sion pic­tu­rale des images de leurs films que par des ques­tions de nar­ra­tion ou d’esthétique ciné­ma­to­gra­phique. À vrai dire, leur pra­tique se situe direc­te­ment dans la série cultu­relle des confé­rences illus­trées – une tra­di­tion soli­de­ment enra­ci­née dans un Qué­bec empreint de culture orale […]8.

Sans être un boni­men­teur, Her­mé­né­gilde Lavoie se livre d’ailleurs à la pra­tique du com­men­taire ver­bal lors de ses confé­rences illus­trées sur la série de courts métrages inti­tu­lée Les beau­tés de mon pays (1943).

Les films de Lavoie ont pour carac­té­ris­tique de sai­sir des sujets humains dans leur quo­ti­dien, de même que le patri­moine maté­riel et imma­té­riel qué­bé­cois : archi­tec­ture, pay­sages, métiers aujourd’hui dis­pa­rus. Avec sa camé­ra 16 mm9 – le « modèle K » de Kodak sor­ti en 1932 et fonc­tion­nant avec une bobine de 100 pieds (4 minutes et demie à 16 images / seconde) – Lavoie par­court le Qué­bec et notam­ment sa région d’origine, le Sague­nay (Arvi­da, main­te­nant Jon­quière ; le bar­rage de Ship­shaw), mais aus­si la Gas­pé­sie (l’île Bona­ven­ture, le Rocher Per­cé), Char­le­voix, la ville de Qué­bec et ses envi­rons (l’île d’Orléans, les chutes Mont­mo­ren­cy) et la Côte-Nord (Tadous­sac). Par la suite, il rem­place son vieux modèle K par une Paillard Bolex 16 mm, qui accepte elle aus­si les bobines de 100 pieds10. Si Lavoie tra­vaille à son propre compte, il se situe, comme le dit Louis Pel­le­tier, dans la lignée des « […] cinéastes se voyant confier la réa­li­sa­tion de films par le SCP de [Joseph] Morin », dont plu­sieurs « dirigent de petits stu­dios pro­dui­sant sur­tout des films indus­triels et publi­ci­taires 16 mm ». Par­mi ceux-ci : Jean Arsin (Ciné­craft) qu’Herménégilde Lavoie semble bien connaître11, Hen­ry Michaud (Ome­ga Pro­duc­tions), le peintre Omer Parent, le gra­phiste et bédéiste Mau­rice Gagnon ain­si que les prêtres Albert Tes­sier, Louis-Roger Lafleur et Mau­rice Proulx12.

Figure 2 : Herménégilde Lavoie et sa caméra 16 mm Ciné-Kodak Model K. Courtoisie Richard Lavoie. Tous droits réservés.
Figure 2 : Her­mé­né­gilde Lavoie et sa camé­ra 16 mm Ciné-Kodak Model K. Cour­toi­sie Richard Lavoie. Tous droits réservés.

Dans une lettre écrite en sep­tembre 1952, l’abbé Mau­rice Proulx recom­mande à l’un de ses clients, Jean Dugas, gérant de la Banque cana­dienne natio­nale à Mont­réal, de faire appel à Her­mé­né­gilde Lavoie. Dugas sou­haite com­man­der un film sur l’industrie de M.J. Dubé13, au Lac des Îles, mais l’abbé Mau­rice Proulx est trop occu­pé pour pou­voir accep­ter la com­mande : « Mal­heu­reu­se­ment, en ce qui me concerne, je ne pour­rai pas faire ce film avant 3–4 ans parce que j’ai déjà deux fois plus de films sur le métier que je devrais en avoir14. » Dans sa lettre, l’ecclésiastique pré­cise qu’il est en train de par­ache­ver dix films et que « pen­dant les beaux mois d’été, [il est] sur les routes à cueillir les scènes qui [lui] ser­vi­ront aux dif­fé­rents films [qu’il a] en pro­duc­tion15 ».

Si Lavoie réa­lise une dizaine de films per­son­nels qu’il finance lui-même avant de cher­cher à les dis­tri­buer, la plu­part de ses pro­duc­tions sont des films de com­mande dont il ne choi­sit pas le sujet. Tou­te­fois, j’essayerai de mon­trer que, dans la plu­part de ces films réa­li­sés pour le compte d’entreprises, de jour­naux ou de com­mu­nau­tés reli­gieuses, le cinéaste par­vient à expri­mer son amour et son enga­ge­ment pour le Qué­bec en dépit des contraintes qui lui sont impo­sées. Tra­vailler à l’Office du tou­risme et de la publi­ci­té a très cer­tai­ne­ment per­mis à Lavoie d’apprendre à mettre son regard de cinéaste au ser­vice de la défense et de la pro­mo­tion de la pro­vince, dont il s’agit de pré­ser­ver les atouts à la fois pour des ques­tions patri­mo­niales et éco­no­miques. La pro­duc­tion de Lavoie s’attellera ain­si à démon­trer que, même si cer­taines oreilles demeurent plus sen­sibles aux ques­tions éco­no­miques, les deux enjeux sont en défi­ni­tive étroi­te­ment liés, dans la mesure où la pré­ser­va­tion du patri­moine ne peut que favo­ri­ser le tou­risme et les inves­tis­se­ments au Qué­bec16.

Lavoie a notam­ment eu l’occasion de déve­lop­per sa vision du patri­moine dans une confé­rence inti­tu­lée « Le tou­risme, affaire de tous17 ». Celle-ci me per­met­tra de démon­trer qu’il était impli­qué dans ce que l’on pour­rait appe­ler une « cam­pagne d’embellissement » et que ses films, même quand il s’agit de com­mandes, sont une manière – par­fois indi­recte et dis­crète, mais réelle – d’y par­ti­ci­per, dans la mesure où ils reflètent une image posi­tive du Québec.

J’emprunte l’expression « cam­pagne d’embellissement » au Club des Habi­tants, dont Lavoie était le secré­taire-tré­so­rier. Cette asso­cia­tion avait pour mis­sion de sen­si­bi­li­ser la popu­la­tion à la sau­ve­garde du patri­moine, l’hygiénisme, ou encore l’entretien pay­sa­ger. Elle orga­ni­sait même un concours annuel, la « Semaine d’embellissement », dans le cadre duquel les habi­tants de dif­fé­rents vil­lages (sur l’île d’Orléans par exemple) riva­li­saient pour que leur pro­prié­té soit élue la plus belle et la mieux entre­te­nue (on trouve dans les archives les éva­lua­tions de plu­sieurs pro­prié­tés et leur clas­se­ment au concours). Cette asso­cia­tion dis­po­sait éga­le­ment d’un « organe », la revue La Belle Pro­vince, dont Lavoie devint le direc­teur en 1948 et dans laquelle il publia un article fort inté­res­sant en 1946, sur lequel je reviendrai.

J’emploierai donc l’expression « cam­pagne d’embellissement » pour dési­gner de façon assez large le recours d’Herménégilde Lavoie à plu­sieurs médias dans les­quels le Qué­bec est mis en valeur. Ces médias sont des films (prin­ci­pa­le­ment com­man­di­tés), des pho­to­gra­phies prises en ama­teur ou pour l’Office du tou­risme (et sou­vent uti­li­sées pour illus­trer la revue La Belle Pro­vince), des confé­rences, des mes­sages publi­ci­taires pour la télé­vi­sion18 réa­li­sés pour des entre­prises de Qué­bec (Maga­sins de chaus­sures Tal­bot, Pein­tures Sico et Natio­nal, Liqueurs For­tier, Savon­ne­rie Bour­beau, etc.) ain­si qu’une série de mes­sages à carac­tère social19.

Je pré­sen­te­rai d’abord les rai­sons qui ont pous­sé Her­mé­né­gilde Lavoie à fon­der sa com­pa­gnie de films docu­men­taires. Ensuite, je mon­tre­rai qu’Herménégilde Lavoie a eu recours à une com­bi­nai­son de plu­sieurs médias et clien­tèles afin d’assurer la péren­ni­té de sa com­pa­gnie tout en essayant de pro­mou­voir les attraits du Qué­bec, et ce, mal­gré les contraintes impo­sées par la plu­part des com­man­di­taires de ses films. Enfin, je par­le­rai de deux « tri­bunes » du cinéaste qui illus­trent à mon sens sa vision et son amour de la pro­vince : la revue La Belle Pro­vince et le film Sainte-Famille, Île d’Orléans, qu’il tourne vers 1940. Nous ver­rons que ces tri­bunes peuvent évo­quer ou ser­vir plu­sieurs formes de « pro­pa­gande », dont la « cam­pagne d’embellissement » du cinéaste et de ses pairs (Club des Habi­tants, revue La Belle Pro­vince).

De quelques raisons qui ont poussé le cinéaste à fonder les Documentaires Lavoie

L’une des mis­sions d’Herménégilde Lavoie, alors qu’il tra­vaille pour l’Office du tou­risme et de la publi­ci­té, est de gui­der des cinéastes étran­gers venus faire des repor­tages dans la Belle Pro­vince. En 1941, Lavoie accom­pagne par exemple Jack F. Pain­ter et Tho­mas Priest­ly, tous deux dépê­chés par la com­pa­gnie amé­ri­caine Fox Movie­tone, qui pro­duit et dif­fuse une série d’actualités fil­mées, les Fox Movie­tone News (1927–1943), afin de tour­ner des plans pour un tra­ve­logue de la série The Magic Car­pet20. En 1943, il accom­pagne une équipe de tech­ni­ciens (diri­gée par Robert‑E. Goux) de la Twen­tieth Cen­tu­ry-Fox à la recherche d’une « atmo­sphère cana­dienne-fran­çaise21 ». Ces der­niers sont venus tour­ner dans les pay­sages ennei­gés de la ville de Qué­bec (notam­ment dans le parc zoo­lo­gique de Char­les­bourg, un lieu sug­gé­ré par Her­mé­né­gilde Lavoie) et de ses envi­rons (île d’Orléans, lac Beau­port). Ces plans ser­vi­ront au film musi­cal Sun Val­ley Sere­nade (Bruce Hum­bers­ton, 1941) dans lequel doit jouer l’actrice et pati­neuse artis­tique nor­vé­gienne Son­ja Hei­nie. Néan­moins, Lavoie n’est pas entiè­re­ment satis­fait de l’image que la plu­part de ces cinéastes donnent du Qué­bec. Ain­si que l’affirme Louis Pelletier,

les écrans du Qué­bec sont à cette époque [les années 1940] entiè­re­ment occu­pés par des pro­duc­tions étran­gères, et […] les très rares longs métrages dont le récit se situe au Qué­bec ren­voient géné­ra­le­ment une image pas­sa­ble­ment défor­mée de la pro­vince et de ses habi­tants22.

En outre, Her­mé­né­gilde Lavoie regrette que les Qué­bé­cois ne mettent pas eux-mêmes en valeur leur patri­moine à des fins artis­tiques et cultu­relles. Dans un article inti­tu­lé « La leçon de la 20th Cen­tu­ry » paru dans la revue La Belle Pro­vince en 1946, le cinéaste inter­pelle les auto­ri­tés en citant l’exemple de la célèbre com­pa­gnie amé­ri­caine venue tour­ner un film, 13, rue Made­leine (Hen­ry Hatha­way, 1947) dans des décors qué­bé­cois. Pour son film sur le contre-espion­nage amé­ri­cain dans la ville de Caen pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, la Twen­tieth Cen­tu­ry-Fox était en effet à la recherche de décors se rap­pro­chant de la Nor­man­die et de l’architecture que l’on pou­vait trou­ver à Caen avant sa des­truc­tion par les bom­bar­de­ments des Alliés et de la Luft­waffe à l’été 1944. C’est alors le Qué­bec qui s’est impo­sé comme lieu de tour­nage23 :

Nous en avons pour preuve quand, avec un peu d’agencement, une com­pa­gnie de ciné­ma a trou­vé pos­sible de tour­ner ici la bonne moi­tié d’un film, en don­nant l’illusion aux spec­ta­teurs que l’action se pas­sait à Caen. Et je tiens de plu­sieurs per­sonnes qui connaissent bien la Nor­man­die que c’était res­sem­blant à s’y méprendre24.

Figure 3 : Article d’Herménégilde Lavoie, « La leçon de la 20th », dans La Belle Province.
Figure 3 : Article d’Herménégilde Lavoie, « La leçon de la 20th », dans La Belle Pro­vince.

Lavoie déplore aus­si le fait que le patri­moine archi­tec­tu­ral qué­bé­cois qu’il pho­to­gra­phie pour en gar­der une trace – notam­ment les mai­sons tra­di­tion­nelles qu’il des­si­nait dans ses cours d’architecture – soit lais­sé à l’abandon, tan­dis que la com­pa­gnie amé­ri­caine et son réa­li­sa­teur, Otto Lang, par­viennent à les valoriser :

Mais de la venue chez nous des repré­sen­tants de 20th Cen­tu­ry Fox se dégage une leçon qui devrait nous pro­fi­ter. Après avoir, durant plu­sieurs semaines, fouillé Qué­bec en tous sens, nous avons été à même de consta­ter que l’on détrui­sait de façon alar­mante toutes ces choses qui nous dif­fé­ren­cient et que, dans deux ou trois décades, on serait en peine, au train où vont les choses, d’y retrou­ver un coin qui res­semble réel­le­ment à un coin de la France. Il est urgent, il me semble, que les auto­ri­tés, par une régle­men­ta­tion appro­priée, pro­tègent le peu qu’il nous reste d’intéressant du Qué­bec intra­mu­ros25.

Pour appuyer son pro­pos, Lavoie cite en exemple un pro­jet de la Famous Players à même de res­pec­ter le patri­moine archi­tec­tu­ral du Vieux Québec :

Il y a quelques années, une com­pa­gnie de ciné­ma des États-Unis, la Famous Players, pro­je­tait de bâtir à Qué­bec, coin d’Auteuil, près de la porte Saint-Jean, un grand théâtre. On délé­gua immé­dia­te­ment à Qué­bec un archi­tecte amé­ri­cain de grand renom qui, durant un mois, étu­dia notre archi­tec­ture, s’imprégna de nos cou­tumes, de notre his­toire, etc. et pré­pa­ra des plans dans les lignes d’architecture qui cadre­raient avec les vieilles mai­sons du Qué­bec dans les murs. La com­pa­gnie a ensuite aban­don­né son pro­jet dû au fait qu’elle s’est por­tée acqué­reur du théâtre Capi­tol26.

L’expertise de Lavoie en tant que guide ain­si qu’en matière d’urbanisme est recon­nue dans le milieu ciné­ma­to­gra­phique. En 1966, David Mil­lar, qui tra­vaille sur un pro­jet de film inti­tu­lé Urba 2000, sol­li­cite son aide par l’intermédiaire de J.E. Pineault, de l’ONF27. Mil­lar recherche au Qué­bec des lieux de tour­nage pour son film sur les villes de 10 000 habi­tants et moins ain­si que de la docu­men­ta­tion : « gra­vures ou pho­tos démon­trant le déve­lop­pe­ment à par­tir des trans­ports rive­rains, com­merce et agri­cul­ture, le che­min du roi, rangs ajou­tés aux 19e et 20e siècles, influence plu­tôt désas­treuse de l’automobile et des maté­riaux arti­fi­ciels de construc­tion28… », autant de pré­oc­cu­pa­tions qui rejoignent Lavoie. En effet, à la fin des années 1940, alors qu’il est char­gé de faire res­pec­ter la loi sur l’urbanisme à l’île d’Orléans, Lavoie connaît un dif­fé­rend avec Mau­rice Duples­sis, dont il cri­tique le peu de sou­ci pour le patri­moine archi­tec­tu­ral. Comme me l’apprendra Richard Lavoie, il sera congé­dié à 39 ans avec une pen­sion de 1 000 dol­lars par an et six enfants à nour­rir29. Une cari­ca­ture de Raoul Hun­ter trou­vée dans les archives d’Herménégilde Lavoie illustre bien le dif­fé­rend qui oppo­sait Lavoie et Duples­sis, bien que ce soit l’homme poli­tique qué­bé­cois Alcide Cour­cy30 qui soit visé. Dans cette cari­ca­ture, Alcide Cour­cy désigne un pay­sage qué­bé­cois encom­bré de voi­tures et de pan­neaux publi­ci­taires en décla­rant : « La Belle Pro­vince ? Elle est der­rière ça ! ». Après cet inci­dent et en fonc­tion de son expé­rience de guide pour des cinéastes d’ici et d’ailleurs, Her­mé­né­gilde Lavoie décide de fon­der en 1948 son entre­prise de « réa­li­sa­tion de films ciné­ma­to­gra­phiques sonores », Les Docu­men­taires Lavoie.

Figure 4 : Caricature par Raoul Hunter (1926-2018). Il a travaillé pour Le Soleil de 1956 à 1989. BAnQ (https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/archives/52327/3271224), fonds Raoul Hunter (P716,S1,P65-08-11).
Figure 4 : Cari­ca­ture par Raoul Hun­ter (1926–2018). Il a tra­vaillé pour Le Soleil de 1956 à 1989. BAnQ (https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/archives/52327/3271224), fonds Raoul Hun­ter (P716,S1,P65-08–11).

Les films de commande : un frein aux préoccupations personnelles du cinéaste ou un moyen de les affirmer ?

Afin d’assurer la péren­ni­té des Docu­men­taires Lavoie, le cinéaste doit mul­ti­plier les man­dats auprès de clien­tèles variées, réa­li­sant des films ciné­ma­to­gra­phiques indus­triels, tou­ris­tiques, reli­gieux et édu­ca­tifs31. On pour­rait pen­ser que ces films de com­mande ne laissent que peu de place à Her­mé­né­gilde Lavoie pour expri­mer une vision plus per­son­nelle. Or, même dans le cas d’une pro­duc­tion comme Stop (1957)32, un film de sen­si­bi­li­sa­tion à la sécu­ri­té rou­tière d’une durée de 20 minutes com­man­di­té par le minis­tère des Trans­ports et Com­mu­ni­ca­tions et pro­duit par le Ser­vice de ciné-pho­to­gra­phie en col­la­bo­ra­tion avec Serge Roy Pro­duc­tion33, trans­pa­raissent l’expression d’un amour pour la pro­vince qué­bé­coise et l’affirmation de valeurs ou de pré­oc­cu­pa­tions propres au cinéaste.

Le film, tour­né aux Ébou­le­ments et dans les envi­rons de Mont­réal et de Qué­bec, met de l’avant la pro­po­si­tion de rou­ler sécu­ri­tai­re­ment tout en pro­fi­tant de la beau­té des pay­sages de la pro­vince. De nom­breux plans mettent en valeur ces pay­sages chers au cinéaste, qui sont pour la plu­part fil­més à bord d’une voi­ture. Une cou­pure de jour­nal non iden­ti­fiée dans les archives d’Herménégilde Lavoie reprend cet argu­ment et men­tionne que le film pré­sente la par­ti­cu­la­ri­té d’avoir été tour­né sur « quelques-unes des plus belles routes de la pro­vince du Qué­bec : ces routes larges et bien construites bor­dées de vastes champs de blé, de plaines immenses ou de mon­tagnes abon­dam­ment boi­sées, faits [sic] pour être admi­rés [sic] et non brû­lés [sic] le pied sur l’accélérateur34 ». Dans ce film didac­tique sur la sécu­ri­té rou­tière, qui mélange de façon assez sur­pre­nante fic­tion et images docu­men­taires, Her­mé­né­gilde Lavoie n’hésite pas à intro­duire un plan où l’on peut voir des agri­cul­teurs au tra­vail, les­quels inter­rompent leur mois­son lorsqu’ils entendent la sirène d’un véhi­cule inter­ve­nant sur les lieux d’un acci­dent. Dans ce plan en appa­rence ano­din, on retrouve pour un bref ins­tant le cinéaste-eth­no­graphe amou­reux de la cam­pagne et d’une nature géné­reuse tra­vaillée par l’Homme. Un autre thème cher au cinéaste, celui de la famille pros­père (que pour­raient mena­cer dans le film des impru­dents sur la route), inter­vient lui aus­si à plu­sieurs reprises dans Stop, notam­ment lorsque Lavoie filme, presque à la manière d’un spot publi­ci­taire, une famille qué­bé­coise qui s’apprête à par­tir en vacances à bord d’une voi­ture flam­bant neuve.

Figure 5 : Agriculteurs au travail. (Stop, Herménégilde Lavoie, 1957).
Figure 5 : Agri­cul­teurs au tra­vail. (Stop, Her­mé­né­gilde Lavoie, 1957).
Figure 6 : Une famille québécoise sur le point de partir en vacances. (Stop, Herménégilde Lavoie, 1957).
Figure 6 : Une famille qué­bé­coise sur le point de par­tir en vacances. (Stop, Her­mé­né­gilde Lavoie, 1957).

Un autre aspect impor­tant de la plu­part des films de Lavoie est leur visée édu­ca­tive, que l’on retrouve d’ailleurs dans la plu­part des articles de La Belle Pro­vince – l’idée étant que, pour embel­lir la pro­vince, il faut aus­si infor­mer et éclai­rer ses habi­tants. Lavoie tente d’assumer cette visée édu­ca­tive dans la plu­part des films de com­mande com­por­tant un aspect publi­ci­taire sur les­quels il tra­vaille. En 1955–1956, il réa­lise ain­si un film publi­ci­taire et édu­ca­tif pour la mai­son Bou­chard et Robi­taille, une entre­prise cana­dienne-fran­çaise spé­cia­li­sée dans l’isolation au moyen de maté­riaux comme la laine miné­rale, la fibre de verre, l’amiante – pro­ve­nant des mines des Cantons-de‑l’Est (Thet­ford, Asbes­tos) – ou encore le liège, qu’elle fait venir du Por­tu­gal. Le film, inti­tu­lé Confort et éco­no­mie par l’isolation, vante l’expertise de l’entreprise pour le dixième anni­ver­saire de sa fon­da­tion ain­si que la qua­li­té des maté­riaux qu’elle uti­lise, comme la ouate miné­rale souf­flée de l’entreprise Johns-Man­ville. Lavoie sait qu’il doit avant tout mettre en valeur les ser­vices de l’entreprise Bou­chard et Robi­taille, mais son ambi­tion est plus grande pour ce film qui, selon lui,

[…] dépasse de beau­coup les cadres d’un simple film publi­ci­taire à l’usage d’une entre­prise com­mer­ciale, car il embrasse le vaste ensemble des aspects de cette indus­trie depuis la trans­for­ma­tion des matières pre­mières en maté­riaux iso­lants, jusqu’à leur adap­ta­tion pra­tique dans la construc­tion. À ce titre, cette pro­duc­tion ciné­ma­to­gra­phique en cou­leurs prend l’envergure d’un docu­men­taire indus­triel sérieux, d’une leçon de chose à l’échelle de la science et de la tech­nique modernes35.

Si Lavoie réuti­lise le conte­nu tech­nique et pro­mo­tion­nel des pros­pec­tus four­nis par l’entreprise com­man­di­taire, il ne manque pas de pro­mou­voir sa mis­sion édu­ca­tive et effec­tue des recherches docu­men­taires pous­sées afin de com­plé­ter son film. Il écrit le 22 mars 1955 au consul géné­ral du Por­tu­gal, Hen­rique Vital Gomes, et le 4 juillet 1955 à Michel Gau­vin, au consu­lat cana­dien de Lis­bonne, pour deman­der à ces deux hommes s’il existe de « la lit­té­ra­ture ou des films sur la culture du liège36 ». Il fait par­ve­nir à Gau­vin un plan des scènes qu’il vou­drait obte­nir : deux vues géné­rales, un demi-rap­pro­ché, cinq ou six scènes illus­trant l’exportation de liège pour le com­merce. Il espère que le consul pour­ra lui venir en aide promp­te­ment et n’oublie pas d’indiquer qu’il est recom­man­dé par le Révé­rend Père Métayer, ce qui met en évi­dence l’importance du réseau­tage dans les recherches du cinéaste. Lavoie contacte éga­le­ment l’ONF afin d’obtenir cer­taines prises de vues de la construc­tion d’un habi­tat esqui­mau. Le 16 juin 1955, Meta Bobet lui confirme qu’ils dis­posent de films cou­leur de for­mat 16 mm sur les Esqui­maux, où l’on peut notam­ment voir un enfant bâtir un igloo, ain­si que de « plu­sieurs pieds de films mon­trant des iglous en construc­tion » en 35 mm noir et blanc37, ce qui n’est pas sans faire pen­ser au film du cinéaste amé­ri­cain Robert Fla­her­ty, Nanook of the North (1922). Comme l’affirme Marc St-Pierre, les films inuits de l’ONF appar­te­nant à la pre­mière période (1942–1970) « s’inscrivent dans la tra­di­tion docu­men­taire » et « sont lar­ge­ment influen­cés par l’approche [de] Fla­her­ty38 ». La pre­mière de Confort et éco­no­mie par l’isolation nar­ré par Benoît Thi­bault aura lieu le 30 jan­vier 1956 à la Facul­té de com­merce de l’Université Laval.

En plus des entre­prises, Docu­men­taires Lavoie attire une autre clien­tèle très impor­tante, consti­tuée par les com­mu­nau­tés reli­gieuses. En effet, le cinéaste a tra­vaillé pour six com­mu­nau­tés reli­gieuses dif­fé­rentes : les Frères maristes à Alma, les Sœurs anto­niennes à Chi­cou­ti­mi, les Sœurs de la Cha­ri­té à Qué­bec (pour les­quelles Her­mé­né­gilde Lavoie réa­lise Les mois­sons d’une vie, en 1949–1950), les Sœurs du Bon-Pas­teur (pour qui il réa­lise un film sur les débuts de leur congré­ga­tion à Qué­bec au xixe siècle), les Sœurs de la Cha­ri­té de St-Louis à Platts­burgh (pour les­quelles il réa­lise Sis­ters of Cha­ri­ty of St. Louis Meet the Chal­lenge en sep­tembre 1956) et enfin les Sœurs Ser­vantes du Saint-Cœur de Marie, à Kan­ka­kee. Comme l’explique Richard Lavoie, ces com­mu­nau­tés étaient « assez riches pour se per­mettre des tour­nages pro­mo­tion­nels39 » ; sans elles, il aurait été plus dif­fi­cile pour la com­pa­gnie de son père de per­du­rer40.

Her­mé­né­gilde Lavoie n’hésite d’ailleurs pas à s’adresser direc­te­ment à ces com­mu­nau­tés dans une page publi­ci­taire de La Belle Pro­vince.41 Après avoir inter­pel­lé sa clien­tèle en lui deman­dant : « Pour­quoi ne pas réa­li­ser un film sur vos indus­tries, sur votre ville, sur votre région, sur vos démons­tra­tions patrio­tiques et fami­liales ? », Lavoie écrit : « Aux com­mu­nau­tés reli­gieuses : faites rayon­ner votre tra­vail et vos œuvres par un film docu­men­taire. » Quelques pho­to­grammes pré­sen­tés sur cette page publi­ci­taire per­mettent d’apprécier le savoir-faire du cinéaste et donnent une idée des thèmes qui lui tiennent à cœur : nature, métiers et savoir-faire aujourd’hui dis­pa­rus. Le cinéaste assume le fait d’utiliser le ciné­ma à des fins de « pro­pa­gande » : « La ciné­ma­to­gra­phie est le médium de publi­ci­té le plus effi­cace », écrit-il.

Figure 7 : Une publicité pour Les Documentaires Lavoie parue dans la revue La Belle Province.
Figure 7 : Une publi­ci­té pour Les Docu­men­taires Lavoie parue dans la revue La Belle Pro­vince.

D’autres médias font aus­si la pro­mo­tion du tra­vail d’Herménégilde Lavoie. C’est le cas du jour­nal L’Action catho­lique, qui relaye par exemple le suc­cès du film Le Bon-Pas­teur (1949), pré­sen­té pour le cen­te­naire de la fon­da­tion des Sœurs du Bon-Pas­teur de Qué­bec en 1950 : « Ce film de près de deux heures, en cou­leurs, syn­chro­ni­sé avec musique et paroles, est avant tout l’œuvre d’un cinéaste de Qué­bec, M. Her­mé­né­gilde Lavoie » déclare le jour­nal, qui pré­sente par ailleurs le film comme « […] le pre­mier film de long métrage entiè­re­ment mon­té, tour­né, syn­chro­ni­sé par des Cana­diens fran­çais42 ». Pour savoir si Le Bon-Pas­teur est bel et bien le pre­mier film entiè­re­ment pro­duit par des Cana­diens fran­çais, il fau­drait sou­mettre les nom­breux longs métrages sonores pro­duits avant 1950 à un exa­men extrê­me­ment poin­tilleux43.

Pour ce qui est de la syn­chro­ni­sa­tion du son et de l’image d’autres de ses films, Lavoie fait appel à la Bay State Film Pro­duc­tion44 située à Spring­field, dans le Mas­sa­chus­setts. Ce fût par exemple le cas pour un film des Sœurs anto­niennes de Chi­cou­ti­mi, ain­si que l’atteste une fac­ture du labo­ra­toire d’un mon­tant de 252,20 USD en date du 2 juillet 1954 trou­vée dans les archives. Lavoie fait aus­si conser­ver dans les voûtes de la Bay State, sous le nom de sa com­pa­gnie, une copie de cha­cun de ses films45. Pour l’enregistrement de la musique et des com­men­taires (en fran­çais mais aus­si par­fois en anglais46), Lavoie tra­vaille avec une Kine­vox, un appa­reil de prise de son magné­tique au for­mat 17,5 mm (35 mm cou­pé en deux) fabri­qué aux États-Unis47.

Figure 8 : Courtoisie Richard Lavoie. Tous droits réservés.
Figure 8 : Cour­toi­sie Richard Lavoie. Tous droits réservés.

Les visites de Lavoie à la Bay State ne sont pas tou­jours sans embûches. Dans une lettre datant de 1952 adres­sée au pré­sident de la Bay State, Mor­ton H. Read, Lavoie confie avoir eu quelques pro­blèmes pour tra­ver­ser la fron­tière cana­do-amé­ri­caine. La rai­son pour laquelle la fron­tière lui serait res­té fer­mée pen­dant six mois n’est pas pré­ci­sée dans la lettre, Lavoie évo­quant seule­ment des cir­cons­tances qui ne dépendent pas de lui et une péti­tion en cours de la part du gou­ver­ne­ment cana­dien contre le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain48. Il semble qu’il ait vécu, en plein mac­car­thysme, une sai­sie de ses pel­li­cules, bien qu’il affirme dans une lettre du 10 novembre 1952 adres­sée à un autre inter­lo­cu­teur de la Bay State, Fran­cis Leten­der, les avoir récu­pé­rées : « Mes films sont sor­tis des douanes et je les ai en main49. » Se pour­rait-il que le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain ait soup­çon­né d’anti-américanisme les films de com­mande réa­li­sés pour des reli­gieuses ? Par la suite, pour évi­ter de telles com­pli­ca­tions (délais, risques de voir ses pel­li­cules abî­mées ou per­dues), Lavoie cache­ra les pel­li­cules de ses films dans les por­tières de sa Ford avant de tra­ver­ser la fron­tière50.

Le 16 juin 1953, Her­mé­né­gilde Lavoie peut enfin tour­ner le film The Sto­ry of Zone 2 pour le compte de plu­sieurs jour­naux qué­bé­cois : L’Évènement Jour­nal51 (Qué­bec), Le Soleil (Qué­bec), Le Nou­vel­liste52 (Trois-Rivières) et La Tri­bune de Sher­brooke (Sher­brooke), qui avaient tous appar­te­nu à l’homme poli­tique Jacob Nicol jusqu’à la fin des années 194053. Jacob Nicol garde La Tri­bune jusqu’en 1955 mais le jour­nal Le Nou­vel­liste est acquis par Hono­ré Dan­se­reau en 1951 (qui le conserve jusqu’en 1968)54. The Sto­ry of Zone 2* est décrit comme de la « pro­pa­gande intel­li­gente » des­ti­née à com­battre le chô­mage par le jour­nal Le Soleil55. Tour­né en anglais, il doit illus­trer la pro­vince « au point de vue indus­triel, com­mer­cial, agri­cole et tou­ris­tique56 » et ser­vir de vitrine pour atti­rer sur le mar­ché qué­bé­cois les inves­tis­seurs anglo­phones du Cana­da et des États-Unis. Une paru­tion de 1946 inti­tu­lée « The French mar­ket of the pro­vince of Que­bec is… 2 zones » et trou­vée dans le dos­sier de pro­duc­tion du film The Sto­ry of Zone 257 illustre la dis­tinc­tion qui est faite entre la région de Qué­bec, bap­ti­sée « la Zone 2 », par oppo­si­tion à l’attractive « Zone 1 », qui désigne Mont­réal et ses environs.

The Sto­ry of Zone 2 illustre mal­heu­reu­se­ment le fait que les inté­rêts poli­tiques et finan­ciers des com­man­di­taires de film priment par­fois sur la cam­pagne d’embellissement58. Dans ce cas pré­cis, le pou­voir en place et les jour­naux com­man­di­taires se réap­pro­prient l’objet fil­mique en délais­sant presque com­plè­te­ment son réa­li­sa­teur, simple « arti­san du film » au ser­vice d’une com­mande offi­cielle. Dans la plu­part des articles que j’ai consul­tés, non seule­ment le cinéaste n’est pas tou­jours cité comme réa­li­sa­teur (le film est pré­sen­té comme une « cour­toi­sie » des jour­naux L’Évènement et Le Soleil), mais les jour­naux pré­fèrent mettre de l’avant les per­son­na­li­tés (poli­ti­ciens, éche­vins, hommes d’affaires) venus à la pre­mière du film comme le maire de la ville de Qué­bec, Wil­frid Hamel, l’administrateur de La Tri­bune, Alphée Gau­thier, le secré­taire et admi­nis­tra­teur de la Chambre de Com­merce de Qué­bec, Roger Vézi­na, ou encore Joseph-Oscar Gil­bert59, qui a acquis L’Événement Jour­nal et Le Soleil en 1948 et qui appuie l’Union Natio­nale (1936–1989), un par­ti conser­va­teur. Gil­bert est aus­si le direc­teur de la Chambre de com­merce de Qué­bec et le gou­ver­neur de la Facul­té de com­merce de l’Université Laval. On com­prend alors mieux le lien qui unit les jour­naux à cer­tains par­tis poli­tiques. Les figures haut pla­cées qui ont com­man­dé le film ont ain­si tout le loi­sir de se livrer à une forme d’autocongratulation dans les pages de leurs jour­naux, au détri­ment du réa­li­sa­teur ou du pro­pos du film. Enfin, si dans The Sto­ry of Zone 2 Lavoie par­vient à trai­ter d’une thé­ma­tique qui lui est chère, soit la mise en valeur d’une par­tie de la Belle Pro­vince injus­te­ment mécon­nue ou délais­sée, son idéal pour­rait para­doxa­le­ment se trou­ver écor­né par l’intérêt des inves­tis­seurs atti­rés par la région (c’est bien le but du film que de les inci­ter à s’y ins­tal­ler). Ces inves­tis­seurs étran­gers, s’ils peuvent contri­buer à la dimi­nu­tion du chô­mage, risquent aus­si, peut-être, de méta­mor­pho­ser pro­fon­dé­ment la pro­vince qué­bé­coise et plus par­ti­cu­liè­re­ment la région de la ville de Qué­bec, cette fameuse « Zone 2 » où ils sont encou­ra­gés à investir.

Là n’est pas la seule occa­sion où Lavoie semble avoir été « oublié ». Bien qu’il tra­vaille avec plu­sieurs médias et réseaux dif­fé­rents, les­quels lui assurent un reve­nu, il reste confron­té à la loi du mar­ché et n’est pas le seul à cher­cher des contrats ou du finan­ce­ment. Sa com­pé­ti­tion avec le cinéaste Charles Des­mar­teaux pour obte­nir le finan­ce­ment d’un film pour et sur la ville de Qué­bec illustre bien ce fait. En effet, en 1960, Charles Des­mar­teaux offre à la ville de Qué­bec de tour­ner cinq films des­ti­nés à la mettre en valeur pour encou­ra­ger le tou­risme. Pour ce pro­jet, il demande à la ville une par­ti­ci­pa­tion de 20 000 $. Des­mar­teaux s’est notam­ment fait remar­quer avec le film Car­na­val de Qué­bec (1960). Dis­tri­bué par la com­pa­gnie Para­mount, le court métrage, comme l’indique Le Soleil, passe au même moment à Londres et à Paris « au même pro­gramme que le fameux Psy­cho [(Alfred Hit­ch­cock, 1960)] qui attire de nom­breux spec­ta­teurs60 ». La ville pro­met de prendre en consi­dé­ra­tion la demande du cinéaste, mais se rap­pelle alors qu’elle a éga­le­ment en main la sou­mis­sion d’Herménégilde Lavoie, faite cinq ans plus tôt, sans doute à un meilleur prix61.

La revue La Belle Province et le film Sainte-Famille, île d’Orléans au service d’une forme de propagande ?

Depuis juillet 1948, Her­mé­né­gilde Lavoie est le direc­teur de la revue « artis­tique et édu­ca­tion­nelle62 » La Belle Pro­vince (juillet 1946-[1950 ?])63. La revue a pour sous-titre : « La connaître, l’aimer, l’embellir. » Selon Lavoie, ces trois mots « n’ont pas été mis là à la légère. Nous leur connais­sons une force magique. Ils sont tout un pro­gramme, tout un idéal, toute une mys­tique. [Ils] pour­raient ser­vir de base pour une longue thèse sur le tou­risme64 ! » Les sujets de La Belle Pro­vince sont l’architecture cana­dienne, les arts domes­tiques, l’hygiène et la san­té, le tou­risme, le ciné­ma – utile à des fins publi­ci­taires ou édu­ca­tives65 – et sur­tout l’agriculture et l’embellissement des cam­pagnes cana­diennes, qua­li­fiés de « belle grande cause natio­nale et sociale66 » par le Club des Habi­tants. Le club et la revue s’inscrivent plei­ne­ment dans l’« idéo­lo­gie du Qué­bec com­mu­nau­taire et agri­cole » évo­quée par Pierre Demers dans ses tra­vaux sur l’abbé Proulx67. La revue per­met au Club des Habi­tants de « faire de la pro­pa­gande en vue d’assurer l’embellissement de [la] pro­vince68 ». Le club orga­nise éga­le­ment des concours ou « semaines d’embellissement » entre paroisses. Celles-ci doivent res­pec­ter des cri­tères qui tiennent compte de leur appa­rence géné­rale, de l’ordre et de la pro­pre­té de leurs rues, de l’entretien de leurs gazons et allées, de leurs soins cultu­raux, etc.

Dans la deuxième moi­tié des années 1940, Lavoie donne au sein du club plu­sieurs confé­rences des­ti­nées à sen­si­bi­li­ser les Qué­bé­cois à la beau­té de leur pro­vince : « [J]‘ai mon­tré depuis dix ans, devant des audi­toires variés, des films per­son­nels que j’ai tour­nés à l’île d’Orléans, en Gas­pé­sie, dans Char­le­voix et dans les Cantons-de‑l’Est. Vous ne sau­riez croire tous les gens qui ne connaissent pas leur pro­vince69. » Déplo­rant l’américanisation de l’architecture qué­bé­coise, qui imite selon lui un cer­tain « style boîte70 » au détri­ment des « belles mai­sons qui nous res­tent du régime fran­çais71 », Lavoie pré­sente ses pho­to­gra­phies le 13 mars 1948 dans le cadre d’une « cau­se­rie » inti­tu­lée « Le tou­risme, affaire de tous ». Il y fait la pro­mo­tion de l’« édu­ca­tion tou­ris­tique » éga­le­ment défen­due par la revue, dont l’objectif prin­ci­pal est de faire en sorte que le patri­moine archi­tec­tu­ral qué­bé­cois ne soit plus aban­don­né ou détruit :

J’ai dans les filières de La Belle Pro­vince toute une série de pho­tos qui seraient des preuves à l’appui. Un jour­na­liste amé­ri­cain, que cet état de choses avait tout par­ti­cu­liè­re­ment frap­pé, me disait qu’il s’expliquait mal que les Cana­diens fran­çais […], entre­tiennent si mal les cime­tières, les abords de leurs églises, [leurs] croix [de] che­min, leurs monu­ments, leurs écoles, etc.72

En tant que cinéaste-confé­ren­cier, Her­mé­né­gilde Lavoie uti­lise un ensemble média­tique (revue, films, pho­to­gra­phies, confé­rences) pour éveiller les consciences et faire décou­vrir la pro­vince qué­bé­coise, un rôle qu’il peint modes­te­ment dans sa conférence :

Les films que je vous pré­sen­te­rai ont été pris au cours de diverses tour­nées à tra­vers notre belle pro­vince, durant les quatre ou cinq der­nières années. Je n’ai pas la pré­ten­tion de vous mon­trer des chefs‑d’œuvre. J’avais tout d’abord comme but unique de pho­to­gra­phier des scènes pour le plai­sir et l’éducation de ma petite famille. Des amis cha­ri­tables ont eu l’amabilité d’en dire com­bien ils étaient réus­sis (peut-être ai-je été trop naïf) […], [pré­tex­tant] que je pou­vais contri­buer à faire mieux aimer, à faire mieux connaître notre pro­vince, voire même pour plu­sieurs, les ame­ner à décou­vrir leur propre patrie73.

Cet amour de Lavoie pour le Qué­bec est récu­pé­ré dans une « pro­pa­gande » plus large véhi­cu­lée par le Club des Habi­tants et la revue ain­si que par les chambres de com­merce et les syn­di­cats d’initiative qué­bé­cois74, dont les pré­oc­cu­pa­tions (agri­cul­ture, tou­risme, patri­moine) et la rhé­to­rique patrio­tique rap­pellent en 1946 celles des syn­di­cats d’initiative (S.I.) fran­çais un peu plus de deux décen­nies plus tôt. Dans le Bul­le­tin offi­ciel de l’Union des syn­di­cats d’initiative de France (juillet-août 1923), on apprend que les repré­sen­tants du « [t]ourisme récep­tif fran­çais75 » ont été faits che­va­liers de la Légion d’honneur pour leur tra­vail en faveur des régions et de leurs sta­tions cli­ma­tiques, ther­males et de tou­risme76. Le Bul­le­tin relate éga­le­ment le voyage d’agrément effec­tué en Ardèche par Alexandre Mil­le­rand, pré­sident de la Répu­blique fran­çaise (1920–1924) et créa­teur de l’Office natio­nal du tou­risme (1909–1910). Dans un dis­cours pro­non­cé en juillet 1923, celui-ci remer­cie les syn­di­cats d’initiative de lui avoir per­mis de faire la

[…] connais­sance d’un pays qui, par la varié­té et la gran­deur de ses aspects, mérite une place de choix dans le riche cata­logue des beau­tés natu­relles de la France. Le temps n’est pas encore très éloi­gné où nous n’avions d’yeux et de louanges que pour les sites étran­gers. Nous nous igno­rions nous-mêmes. […] On s’est aper­çu que notre pays ne le cédait à aucun autre pour la séduc­tion et l’originalité de ses sites. Le tou­risme se pro­pose de les faire connaître et goû­ter77.

C’est ici qu’interviennent les films fixes comme moyens de pro­pa­gande, puisqu’au cours de cette céré­mo­nie, le pré­sident de la Répu­blique offre aux per­son­na­li­tés pré­sentes un Pathéo­ra­ma, une sorte de lan­terne magique, gar­ni d’un film fixe sur l’Ardèche. Comme l’explique Valé­rie Vignaux, « [l]e film fixe est une pel­li­cule argen­tique de for­mat 35 mm, d’environ un mètre, sur lequel ont été repro­duites et mises à bout une cin­quan­taine d’images78 ». Le Bul­le­tin ne manque pas de sou­li­gner l’intérêt de ce média dans un encart inti­tu­lé « La pro­pa­gande des S.I. par le Film Pathéo­ra­ma » (1923) :

Nous rap­pe­lons aux S.I. l’offre de la Mai­son Pathé (ser­vice du Pathéo­ra­ma, 20 bis rue Lafayette) qui fait éta­blir gra­tui­te­ment sur les régions inté­res­santes des films de 40 à 50 vues pour dérou­le­ment par le Pathéo­ra­ma. Il suf­fit au grou­pe­ment, S.I., ou Fédé­ra­tion, qui veut béné­fi­cier de ce mode de pro­pa­gande, de four­nir les néga­tifs néces­saires à l’établissement du film, lequel, édi­té, prend place immé­dia­te­ment dans une col­lec­tion spé­ciale des films tou­ris­tiques très recher­chés par les pos­ses­seurs d’appareils Pathéo­ra­ma79.

Cette publi­ci­té ne s’arrête pas là puisque les syn­di­cats d’initiative ont éga­le­ment obte­nu la gra­tui­té du trans­port fer­ro­viaire pour leurs pla­quettes pro­duites « en vue de la pro­pa­gande géné­rale du tou­risme récep­tif80 ».

Dans la confé­rence, « Le tou­risme, affaire de tous » qu’il donne en 1948, Lavoie insiste, comme j’ai déjà pu le dire, sur l’importance de faire connaître le Qué­bec : « Connaître sa pro­vince, n’est-ce pas le pre­mier geste de tout bon citoyen ? Peut-on aspi­rer à faire connaître notre pro­vince si nous l’ignorons nous-mêmes81 ? ». Selon lui, une publi­ci­té de qua­li­té peut contri­buer à cette mis­sion. S’il vante les moyens de com­mu­ni­ca­tion du Club des Habi­tants, dont la revue La Belle Pro­vince « pénètre main­te­nant dans plus de 12 000 foyers82 », il semble admi­ra­tif des vues de la biblio­thèque pho­to­gra­phique83 de l’Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative fran­çais, qui per­mettent, entre autres, d’illustrer des articles sur le tou­risme et déplore qu’au Québec,

[o]n publie des feuillets de peu de valeur ou des cartes pos­tales de mau­vais goût, ou encore de ces fameuses cartes de dis­tances. Un impri­meur m’a confié qu’il en avait impri­mées, en un seul mois, vingt-trois sem­blables. On ne change que le nom et l’adresse de l’annonceur. Pour ma part, j’ai reçu, à l’occasion du Nou­vel An, sept calen­driers pro­ve­nant d’une seule et même ins­pi­ra­tion. J’apprécie le geste de mes four­nis­seurs, mais que d’argent per­du ! Ne trou­vez-vous pas que ces dol­lars mal dépen­sés devraient être réunis pour for­mer un mon­tant inté­res­sant ? Ce mon­tant serait confié aux bureaux de tou­risme, aux syn­di­cats d’initiative ou encore aux chambres de com­merce, les­quels pour­raient publier des bro­chures bien faites et luxueuses sur les régions qu’ils des­servent. C’est ain­si que l’on tra­vaille en Europe, il faut tou­jours répé­ter les mêmes noms. En France, en Ita­lie, etc. Vous en avez vu de ces belles bro­chures tou­ris­tiques que l’on publie là-bas84 ?

Le tou­risme et la publi­ci­té ne sont cepen­dant pas les seules pré­oc­cu­pa­tions de Lavoie, dont les films font aus­si preuve d’une forte sen­si­bi­li­té eth­no­gra­phique. C’est notam­ment le cas dans le film Sainte-Famille, île d’Orléans85, qui pré­sente quelques scènes de la vie rurale qué­bé­coise au début des années 1940.

Dans ce film muet de 11 minutes tour­né chez Joseph Canac-Mar­quis et Laza­ria Fau­cher à Sainte-Famille, sur l’île d’Orléans, Her­mé­né­gilde Lavoie pré­sente une famille d’agriculteurs simple mais pros­père. On retrouve dans ce film les pré­oc­cu­pa­tions de Lavoie pour l’embellissement des biens publics et pri­vés, par exemple lorsqu’il filme un jeune homme repei­gnant une clô­ture, ain­si que sa volon­té de don­ner une image attrayante, voire uto­pique, de la rura­li­té qué­bé­coise. Sous la rubrique « Un peuple sain et vigou­reux dans une pro­vince salubre et coquette », qui paraît dans La Belle Pro­vince (novembre 1946), le doc­teur J.E. Syl­vestre relaye éga­le­ment cette vision. Son texte est d’ailleurs accom­pa­gné d’une pho­to­gra­phie prise par Lavoie mon­trant de jeunes enfants sur une ferme québécoise.

Figure 9 : L’article du Dr J.E. Sylvestre accompagné d’une photographie d’Herménégilde Lavoie paru dans La Belle Province.
Figure 9 : L’article du Dr J.E. Syl­vestre accom­pa­gné d’une pho­to­gra­phie d’Herménégilde Lavoie paru dans La Belle Pro­vince.

Le film pour­rait être rap­pro­ché du poème didac­tique en grec ancien Les tra­vaux et les jours (vers la fin du viiie siècle av. J.-C.) dans lequel Hésiode livre ses conseils sur l’agriculture et l’économie domes­tique. En clin d’œil à Hésiode, l’agronome et cinéaste Mau­rice Proulx repren­dra d’ailleurs le titre de cette œuvre pour bap­ti­ser l’un de ses films en 1958. Tout comme Proulx, Lavoie filme la vie des agri­cul­teurs au fil des sai­sons : le rude hiver au cours duquel il faut lut­ter contre les élé­ments, les récoltes abon­dantes en été, etc.

Figure 10 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Herménégilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Québec de BAnQ.
Figure 10 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Her­mé­né­gilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ.
Figure 11 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Herménégilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Québec de BAnQ.
Figure 11 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Her­mé­né­gilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ.

Dans ce film, la nature semble don­ner ses pro­duits en abon­dance (ici une femme pré­sente à un enfant un pla­teau char­gé du fro­mage frais qu’elle vient de pré­pa­rer, là une baguette immense est décou­pée à l’heure du repas, etc.). Les ani­maux (notam­ment les ani­maux de traits : che­vaux, bœufs et même un chien) assistent les hommes dans les tâches qui leur sont les plus pénibles ou pour leur four­nir ce qu’ils pro­duisent (vaches lai­tières, mou­tons pour la laine et la viande). Le sens de la famille est éga­le­ment très fort chez les Canac-Mar­quis, ce que Lavoie montre en fil­mant leurs rituels quo­ti­diens : tra­vaux agri­coles et pay­sa­gers, repas en famille, temps de prière. Il les montre au tra­vail, visages sou­riants, heu­reux de four­nir un effort qui sera cou­ron­né de succès.

Figure 12 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Herménégilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Québec de BAnQ.
Figure 12 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Her­mé­né­gilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ.
Figure 13 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Herménégilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Québec de BAnQ.
Figure 13 : Sainte-Famille, île d’Orléans (Her­mé­né­gilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ.

Si Lavoie offre un tableau char­mant et peut-être idéa­li­sé de la cam­pagne qué­bé­coise et de ses us et cou­tumes, il le fait pour illus­trer l’amour qu’il porte à la pro­vince de Qué­bec et à ses habi­tants. Lavoie filme par exemple des métiers ou des pra­tiques aujourd’hui dis­pa­rus qu’il semble avoir conscience de sau­ve­gar­der sur sa pel­li­cule (uti­li­sa­tion d’une baratte ; recours à un chien pour traî­ner une petite char­rette ; découpe de mor­ceaux de glace sur un fleuve gelé, etc.). Pour­tant, s’il faut bien enten­du nuan­cer cette idée, cer­taines images de Sainte-Famille, île d’Orléans peuvent évo­quer l’art de pro­pa­gande sovié­tique mis en place par Sta­line en 1929 pour col­lec­ti­vi­ser l’agriculture, ou encore celui de l’Office civique rural créé en 1941 en France sous le régime de Vichy. Une affiche pro­duite par l’Office de publi­ci­té géné­rale86 repré­sen­tant une baguette de pain fait par exemple écho à la longue baguette décou­pée dans le film de Lavoie.

Figure 14 : Publicité du Service civique rural produite par l’Office de publicité générale et signée Cinq, Paris, entre 1941 et 1945. Bibliothèque historique de la ville de Paris. Image libre de droits.
Figure 14 : Publi­ci­té du Ser­vice civique rural pro­duite par l’Office de publi­ci­té géné­rale et signée Cinq, Paris, entre 1941 et 1945. Biblio­thèque his­to­rique de la ville de Paris. Image libre de droits.
Figure 15 : Découpe d’une immense baguette de pain. Sainte-Famille, île d’Orléans (Herménégilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Québec de BAnQ.
Figure 15 : Découpe d’une immense baguette de pain. Sainte-Famille, île d’Orléans (Her­mé­né­gilde Lavoie, vers 1940). Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ.

Cer­taines images du film de Lavoie sont en outre récu­pé­rées vers 1940 dans un seg­ment du jour­nal d’actualités fil­mées RKO-Pathé News inti­tu­lé « Que­bec Lar­gest Fami­ly Is “All Out” for War87 ». Les images de la découpe de la baguette de pain sont majo­ri­tai­re­ment reprises dans ce seg­ment de 49 secondes, de même que celles mon­trant l’arrivée en calèche de Joseph Canac-Mar­quis et de ses fils, mili­taires dans l’armée cana­dienne, reçus à dîner. Un com­men­taire en anglais de Har­ry Von Zell pré­sente les Canac-Mar­quis comme une famille nom­breuse (vingt enfants) au ser­vice de l’effort de guerre : quatre fils sont des mili­taires, tan­dis que les autres enfants pro­duisent sur la ferme une abon­dante nour­ri­ture qui ser­vi­ra à ravi­tailler l’armée canadienne.

L’agriculture est le point com­mun de ces trois formes de « pro­pa­gande », même si elles n’ont pas tout à fait le même but ni les mêmes effets : la créa­tion de fermes col­lec­tives (les kol­khozes et les sov­khozes) en Union Sovié­tique ; l’appel à la jeu­nesse en vue d’un « retour à la terre » et la lutte contre la pénu­rie de main d’œuvre sous l’occupation alle­mande en France (beau­coup d’hommes étaient rete­nus pri­son­niers en Alle­magne) ; le dévoue­ment du peuple impli­qué sur le front et « à l’arrière » au Qué­bec. On voit com­ment les images de Lavoie, tour­nées dans une pers­pec­tive eth­no­gra­phique, ont été ins­tru­men­ta­li­sées à des fins patrio­tiques par les pro­duc­teurs de RKO-Pathé News.

Enfin, et peut-être sur­tout, le tra­vail de Lavoie sur la rura­li­té qué­bé­coise est à rap­pro­cher de celui des prêtres-cinéastes Albert Tes­sier88 (Hom­mage à notre pay­san­ne­rie [1938], Cre­do du pay­san [1942], Pour aimer ton pays [1942]) et Mau­rice Proulx89 (En pays neufs [1937], Jeu­nesse rurale [1951]), des cinéastes qui, selon Jean Simard, ont uti­li­sé leurs docu­men­taires comme « un moyen de pro­pa­gande reli­gieuse et natio­nale90 ». Les images de la famille Canac-Mar­quis et de nom­breuses pho­to­gra­phies d’Herménégilde Lavoie illus­trant la belle pro­vince nous per­mettent en par­ti­cu­lier de rap­pro­cher Lavoie de Proulx, au sujet duquel Pierre Demers déclare :

[les] images de [ses] pre­miers films […] res­semblent à des pho­tos de famille. Sou­vent il filme des prêtres, des colons, des agro­nomes, des familles, des enfants, des infir­mières qu’il connaît, comme pour leur faire plai­sir, comme pour faire des beaux sou­ve­nirs. […] Ain­si le ciné­ma docu­men­taire de l’abbé Proulx est d’abord un ciné­ma de la recon­nais­sance, un ciné­ma fami­lial où tout le monde se retrouve faci­le­ment, sim­ple­ment, comme dans un « album de famille91 ».

Autre cor­res­pon­dance avec Proulx – qui filme éga­le­ment avec des camé­ras 16 mm Kodak92 – les films les plus per­son­nels de Lavoie semblent aus­si s’inscrire dans une pra­tique du ciné­ma « nature ». Comme l’explique Demers, cette expres­sion de Proulx désigne le fait qu’il « pré­fé­rait fil­mer ses docu­men­taires à l’air libre, en pleine nature, dans les bois, dans les champs, plu­tôt que dans des stu­dios ou dans des inté­rieurs93 ».

Sans être un prêtre-cinéaste (bien que très croyant) comme Tes­sier ou Proulx, Lavoie par­ta­geait leurs pré­oc­cu­pa­tions, leurs valeurs, leur inté­rêt mar­qué pour l’agriculture et leur amour du Qué­bec et de ses habitants.

Ins­tal­lé dans la fameuse « Zone 2 » de la pro­vince de Qué­bec et œuvrant dans une éco­no­mie de débrouillar­dise où les moyens mis à la dis­po­si­tion des cinéastes sont moins impor­tants qu’à l’ONF, Her­mé­né­gilde Lavoie doit lui-même assu­rer la recherche de contrats et la pro­mo­tion de sa com­pa­gnie, en plus de faire face à des contraintes thé­ma­tiques (sujets impo­sés par des clients très dif­fé­rents), tech­niques (syn­chro­ni­sa­tion de l’image et du son) et pra­tiques (voyages aux États-Unis pour déve­lop­per et tirer les films). Dans cet article, j’ai mon­tré qu’Herménégilde Lavoie s’est impli­qué dans ce que j’ai pro­po­sé d’appeler une « cam­pagne d’embellissement », en réfé­rence aux ini­tia­tives du Club des Habi­tants. L’expression « cam­pagne d’embellissement », qui doit être enten­due dans un sens assez large, me semble bien reflé­ter l’ambition de Lavoie de faire connaître et aimer le Qué­bec – que ce soit en tant que cinéaste, guide tou­ris­tique, direc­teur d’une revue, confé­ren­cier, citoyen – à par­tir d’un ensemble de médias (films per­son­nels ou de com­mande, revue La Belle Pro­vince, confé­rences, articles, pho­to­gra­phies, etc.) J’ai aus­si essayé de mon­trer que les films de Lavoie ont été mis au ser­vice (ou pou­vaient évo­quer) diverses formes de « pro­pa­gande » : publi­ci­té pour les clients fai­sant appel aux ser­vices de Docu­men­taires Lavoie, pro­pa­gande éco­no­mique, poli­tique, tou­ris­tique ou pro­pa­gande pour sou­te­nir l’effort de guerre, (pour ne rap­pe­ler que quelques-unes d’entre elles). Ces dif­fé­rentes formes de pro­pa­gande ont par­fois pu mas­quer, détour­ner, ins­tru­men­ta­li­ser, voire déna­tu­rer la vision d’un cinéaste d’abord amou­reux de sa pro­vince et de ses habi­tants. Néan­moins, si les films d’Herménégilde Lavoie peuvent sem­bler très hété­ro­clites du point de vue de leurs thé­ma­tiques ou de leurs com­man­di­taires, ils consti­tuent en défi­ni­tive un cor­pus cohé­rent où s’exprime la vision per­son­nelle du cinéaste. Com­man­di­tés ou non, les films d’Herménégilde Lavoie embel­lissent le ciné­ma docu­men­taire qué­bé­cois et le ciné­ma tout court94.

Notice biographique

Doc­to­rante en études ciné­ma­to­gra­phiques à l’Université Laval, Marie Fal­lon se spé­cia­lise dans l’écriture de scé­na­rio pour le ciné­ma, la télé­vi­sion et le jeu vidéo tout en pour­sui­vant ses acti­vi­tés de recherche. Elle a consa­cré son mémoire de maî­trise en lettres modernes (Uni­ver­si­té Lumière Lyon 2, France) à la cita­tion lit­té­raire dans la cri­tique ciné­ma­to­gra­phique de Jean-Luc Godard. Elle pour­suit pré­sen­te­ment une thèse de recherche-créa­tion qui porte sur l’adaptation d’un texte du XVIIe siècle en scé­na­rio de jeu vidéo.


  1. Les archives d’Herménégilde Lavoie sont conser­vées sous la cote P395 et j’ai prin­ci­pa­le­ment tra­vaillé à par­tir des conte­nants 1974–12-000,2 et 1974–12-008,3.

  2. Des études d’architecture que le futur cinéaste ne peut mal­heu­reu­se­ment pas ter­mi­ner, faute de moyens finan­ciers. Néan­moins, il garde une forte pré­oc­cu­pa­tion pour l’urbanisme et le deve­nir du patri­moine archi­tec­tu­ral qué­bé­cois (mena­cé par cer­taines poli­tiques gou­ver­ne­men­tales, notam­ment sous le gou­ver­ne­ment Duples­sis).

  3. « J’avais l’occasion d’être à Per­cé le 26 juillet der­nier où j’ai assis­té au pèle­ri­nage […] le jour de la fête de la grande Thau­ma­turge. J’étais accom­pa­gné de Mon­sieur Her­bert Sto­thart, direc­teur musi­cal de la Metro-Goldwyn-Mayer. […] Mon­sieur Sto­thart me disait sur le che­min du retour : “Des fêtes comme celles-là devraient être annon­cées des mois à l’avance !” » Her­mé­né­gilde Lavoie, confé­rence « Le tou­risme, affaire de tous » pro­non­cée à l’hôtel Saint-Louis le 13 mars 1948 devant les membres du Club des Habi­tants et leurs amis, 4. Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  4. Otto Lang fait paraître dans La Belle Pro­vince un billet inti­tu­lé « Mes­sage d’un ami état­su­nien », dans lequel il avoue un regret concer­nant sa visite à Qué­bec : « Serait-ce ma pro­fes­sion de cinéaste, et la rigueur esthé­tique com­man­dée par mes acti­vi­tés artis­tiques, qui me donnent à pen­ser avec cette fran­chise […] ? Voi­ci, je déplore que Qué­bec perde aus­si naï­ve­ment son cachet his­to­rique et que tout ce qu’il pos­sède de com­mé­mo­ra­tif et de tra­di­tion­nel soit l’objet d’une négli­gence très répan­due, bien qu’involontaire. » Otto Lang, « Mes­sage d’un ami état­su­nien », La Belle Pro­vince 1.1 (juillet 1946) : 13, 24.

  5. « Il y a quelques années, nous avions le plai­sir de ren­con­trer Mon­sieur Tru­man Bai­ley, cinéaste et des­si­na­teur, créa­teur de mode et de des­sins de tis­sus, grand voya­geur […]. Il a pas­sé six mois chez nous, se docu­men­tant sur nos arts et métiers en vue de créer des modes et des tis­sus d’inspiration cana­dienne. » Her­mé­né­gilde Lavoie, confé­rence « Le tou­risme, affaire de tous ». Un article du jour­nal Le Soleil paru en 1941 nous apprend éga­le­ment que Tru­man Bai­ley est venu de New York afin de visi­ter la Gas­pé­sie en com­pa­gnie d’Herménégilde Lavoie dans le but de « faire de la pro­pa­gande en faveur de la pro­vince de Qué­bec ». Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  6. Richard Lavoie, « Le ciné­ma­to­graphe de mon père », publié dans le livret accom­pa­gnant le cof­fret dvd Richard Lavoie : ses films, son regard… (2014), 15–17.

  7. Plu­sieurs de ces films sont conser­vés par le Centre d’archives de Qué­bec de BAnQ, dont le fonds Her­mé­né­gilde Lavoie (P395), qui ren­ferme une masse docu­men­taire impor­tante.

  8. Louis Pel­le­tier, « Un ciné­ma offi­ciel ama­teur : les racines arti­sa­nales du ciné­ma gou­ver­ne­men­tal qué­bé­cois », L’amateur en ciné­ma. Un autre para­digme. His­toire, esthé­tique, marges et ins­ti­tu­tions, sous la direc­tion de Benoît Tur­que­ty et Valé­rie Vignaux (Paris : Asso­cia­tion fran­çaise de recherche his­to­rique sur le ciné­ma, 2016), 116.

  9. Comme le note Antoine Pel­le­tier : « Jusqu’à la fin des années trente, les for­mats de pel­li­cule ciné­ma­to­gra­phique sont assez variés : 35 mm, 28 mm, 17,5 mm, 16 mm, 9,5 mm. Les pro­duc­teurs pro­fes­sion­nels uti­lisent le 35 mm sur base de nitrate (sup­port d’émulsion aban­don­né en 1953). Le 16 mm, appa­ru en 1923, obtient la faveur des pre­miers docu­men­ta­ristes en rai­son de son for­mat pra­tique (équi­pe­ment plus léger, moins encom­brant) et de son prix moins éle­vé. » Antoine Pel­le­tier, « L’aventure de l’Office du film du Qué­bec », Cap-aux-Dia­mants 38 (1994) : 44–47.

  10. Richard Lavoie, cour­riel du 22 novembre 2017 échan­gé avec l’auteure.

  11. Jean Arsin sur­nom­mait Her­mé­né­gilde « Gil » et ren­dait par­fois visite à sa famille, comme le révèle une lettre du 8 jan­vier 1948 dans laquelle Arsin conseille Lavoie pour la sono­ri­sa­tion d’un film et indique les prix de Docu­men­taires Jean Arsin : « Reve­nant à ta requête pour le film en cou­leurs dont tu me parles, sono­ri­ser un film de 1000 à 1200 pieds avec paroles et musique coû­te­rait envi­ron 1 500 dol­lars, y com­pris la copie sonore en cou­leurs. » Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974–12-008,3.

  12. Pel­le­tier, « Un ciné­ma offi­ciel ama­teur », 115.

  13. L’industrie en ques­tion est la scie­rie des Dubé. Dans sa lettre du 4 octobre 1952, Her­mé­né­gilde Lavoie fait part à mon­sieur Dugas de son inté­rêt pour tour­ner ce film en 16 mm, sonore et en cou­leurs : « Je serais sûre­ment très inté­res­sé à la pro­duc­tion d’un film de ce genre, d’autant plus que je viens de ter­mi­ner la prise de vues d’un film fores­tier pour John Mur­dock [un homme d’affaire cana­dien]. » BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974–12-000,3. En fai­sant une petite recherche sur You­Tube, j’ai eu la chance de trou­ver ce film que Richard Lavoie a authen­ti­fié comme étant bien de son père lors de notre échange de cour­riels du 27 mai 2021 : « J’ai recon­nu des images car j’accompagnais mon père, l’été, lors d’un ou deux de ses tour­nages. J’avais à peine 11 ou 12 ans. Pour ses autres films, il y aurait un tra­vail consi­dé­rable de recherche à faire pour les retrou­ver. Ils sont pour plu­sieurs à la Ciné­ma­thèque qué­bé­coise… Quant aux autres, chez les com­mu­nau­tés reli­gieuses, dans les archives des villes, des indus­triels, etc. Je l’espère ! » Pour voir le film : https://www.youtube.com/watch?v=R7ITkdU8Yhw (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  14. Lettre de l’abbé Mau­rice Proulx à Jean Dugas, Grand Che­va­lier, gérant de la Banque Cana­dienne Natio­nale (8 sep­tembre 1952). BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974–12-008,3.

  15. Si le prêtre-cinéaste ne peut accé­der à la requête de Jean Dugas, il lui indique cepen­dant un ordre de prix : « Les prix pour la pro­duc­tion d’un film varient beau­coup selon les dépenses et le tra­vail qu’il occa­sionne. Per­son­nel­le­ment, j’ai fait des films en cou­leurs et sonores d’une durée de vingt minutes dont les prix varient de cinq mille à douze mille dol­lars. » Lettre de Proulx à Dugas. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974–12-00,3.

  16. « Notre pro­vince, tout par­ti­cu­liè­re­ment la région de Qué­bec, est à bon droit la France d’Amérique, et il n’y a pas lieu de se scan­da­li­ser quand nos bureaux de tou­risme et de publi­ci­té exploitent le fait fran­çais chez nous ; il existe dans notre archi­tec­ture, dans nos us et cou­tumes, etc. » Her­mé­né­gilde Lavoie, « La leçon de la 20th », La Belle Pro­vince 2.1 (novembre 1946) : 14–15, 21. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974–12-000,3.

  17. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous ».

  18. La télé­vi­sion appa­raît au Qué­bec dans les années 1949–1953. Voir Lau­rence Gérard, « La nais­sance de la télé­vi­sion au Qué­bec, 1949–1953 », Com­mu­ni­ca­tion Infor­ma­tion 2.3 (automne 1978) : 25–64. Her­mé­né­gilde Lavoie réa­lise notam­ment des spots pour le Canal 4 nais­sant, asso­cié de Radio-Cana­da à ses débuts.

  19. Il s’agit de la cam­pagne de finan­ce­ment de la Fédé­ra­tion des œuvres (Plume rouge) en 1961. Voir la notice du cata­logue Advi­tam du fonds Her­mé­né­gilde Lavoie : https://advitam.banq.qc.ca/notice/312152 (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  20. La nar­ra­tion de ce film sera confiée à Lowell Tho­mas. Voir les cou­pures des jour­naux L’Action catho­lique, Le Soleil et L’Évènement, juillet 1941. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  21. « Plu­sieurs scènes d’hiver », L’Action catho­lique (3 février 1943). BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  22. Louis Pel­le­tier, « Pour un ciné­ma cana­dien-fran­çais, un vrai : l’aventure du Stu­dio Gra­tien Géli­nas et de La dame aux camé­lias », Revue cana­dienne d’études ciné­ma­to­gra­phiques 23.2 (automne 2014) : 79.

  23. De nos jours, de grandes com­pa­gnies de diver­tis­se­ment amé­ri­caines viennent aus­si au Cana­da (Van­cou­ver, Toron­to, Mont­réal) pour leurs tour­nages, encou­ra­gées par des cré­dits d’impôts qui per­mettent de réduire leurs coûts de pro­duc­tion.

  24. Her­mé­né­gilde Lavoie, « La leçon de la 20th », 14–15 et 21.

  25. Lavoie, « La leçon de la 20th », 21.

  26. Lavoie, « La leçon de la 20th », 21.

  27. « C’est peut-être un tra­vail à par­ta­ger avec d’autres gens, tel M. Lavoie de la Cie Film-Lavoie […] » écrit David Mil­lar de l’Office natio­nal du film du Cana­da dans une lettre écrite en juin 1966 à Pineault. Voir BAnQ, Fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  28. David Mil­lar, lettre à Pineault de l’ONF, 31 mai 1966. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  29. Richard Lavoie, entre­vue avec l’auteure, juillet 2018.

  30. « Alcide Cour­cy (1914–2000) homme poli­tique : ce natif de Saint-Onésime‑d’Ixworth, dans le Bas-Saint-Laurent, étu­die les sciences agri­coles et devient une des figures de proue du mou­ve­ment coopé­ra­tif dans la région de l’Abitibi. Membre influent du Par­ti libé­ral du Qué­bec (PLQ), dont il défend les cou­leurs à l’As­sem­blée légis­la­tive et natio­nale de 1956 à 1970, il est nom­mé ministre de l’Agriculture et de la Colo­ni­sa­tion par le pre­mier ministre Jean Lesage lorsque le PLQ prend le pou­voir, en 1960. Il le demeu­re­ra jus­qu’à la défaite des libé­raux, en 1966. » Bilan du siècle, « site ency­clo­pé­dique sur l’histoire du Qué­bec depuis 1900 » : http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/biographies/1001.html (der­nière consul­ta­tion le 26 août 2021).

  31. « Réa­li­sa­tion de films ciné­ma­to­gra­phiques sonores indus­triels – tou­ris­tiques – reli­gieux – édu­ca­tion­nels ». Cette infor­ma­tion a été trou­vée dans la cor­res­pon­dance d’Herménégilde Lavoie, au bas du papier à en-tête de l’entreprise Les Docu­men­taires Lavoie, dont l’adresse se trou­vait au 127, rue Dol­beau, à Qué­bec. Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  32. Her­mé­né­gilde Lavoie est assis­té lors du tour­nage par son fils Richard Lavoie à l’image et au son. Magel­la Alain est à la nar­ra­tion et Serge Roy au scé­na­rio. Voir Stop (1957), BAnQ, fonds Minis­tère de la Culture et des Com­mu­ni­ca­tions, cote E6,S7,SS2,DFC06006,P1. Le film est visible dans les archives élec­tro­niques de BAnQ, à cette adresse : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/archives/52327/4193459 (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  33. Le film est pré­sen­té par Antoine Rivard, le ministre des Trans­ports, au Cha­let des employés civils, devant des repré­sen­tants de la presse, de la radio et de la télé­vi­sion.

  34. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  35. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974 12 000,3.

  36. Her­mé­né­gilde Lavoie, lettre du 22 mars 1955 adres­sée au consul géné­ral du Por­tu­gal à Mont­réal. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, conte­nant 1974 12 000,2.

  37. « Nous avons en 16 mm cou­leurs : 1 m. s.l de deux Esqui­maux occu­pés à déchar­ger un traî­neau, une famille com­po­sée de la mère, du père et d’un enfant, sur­veille la scène. Nous dis­po­sons d’une m.s. mon­trant un groupe d’Esquimaux devant un iglou. Nous avons encore plu­sieurs shots d’un enfant Esqui­mau en train de bâtir un iglou. En 35 mm noir et blanc nous avons plu­sieurs pieds de films mon­trant des iglous en construc­tion. » Meta Bobet, lettre adres­sée à Her­mé­né­gilde Lavoie le 16 juin 1955, Stock Shot Libra­ry. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie. Voi­ci ce que déclare Marc St-Pierre au sujet de la col­lec­tion de films inuits de l’ONF : « Dès le début des années 1940, l’organisme, mal­gré le fait qu’il soit enga­gé dans une intense cam­pagne de pro­pa­gande de guerre, envoie des équipes de tour­nage dans les Ter­ri­toires du Nord-Ouest et à l’île de Baf­fin, afin de cap­ter des images du peuple inuit. Il faut dire que cet inté­rêt pour le Grand Nord et ses habi­tants s’inscrit par­fai­te­ment dans le man­dat pre­mier de l’ONF : faire connaître les diverses régions du Cana­da aux Cana­diens et Cana­diennes des autres régions du pays. Ins­pi­rés par le man­dat ori­gi­nel, les cinéastes de l’ONF vont pro­duire par la suite plus de deux cents films sur l’Arctique et ses popu­la­tions. Tour­nés dans les quatre grands ter­ri­toires occu­pés par les Inuits, soit le Nuna­vut, le Nuna­vik, l’Inuvialuit et le Nunat­sia­vut, ces films racontent plus de 70 ans d’histoire du peuple inuit. » Voir Marc St-Pierre, « La col­lec­tion de films inuits de l’ONF » : http://onf-nfb.gc.ca/fr/unikkausivut-transmettre-nos-histoires/la-collection-de-films-inuits-de-lonf/ (der­nière consul­ta­tion le 26 sep­tembre 2021).

  38. St-Pierre, « La col­lec­tion de films inuits de l’ONF ».

  39. Lavoie, « Le ciné­ma­to­graphe de mon père », 29.

  40. À pro­pos du tour­nage d’un film réa­li­sé pour les Sœurs du Bon-Pas­teur de Qué­bec, Richard Lavoie déclare : « Un jour, sur les hau­teurs de Beau­port, qui peut res­sem­bler à la Nor­man­die, nous devons mettre en scène quelques péri­pé­ties des débuts de leur congré­ga­tion en France […]. Je me sens quand même un peu à l’étroit dans cet uni­vers ultra reli­gieux pré­sent à tous les éche­lons de nos vies et du pou­voir au Qué­bec. N’eut été des accoin­tances d’Herménégilde avec ce monde – il a tou­jours été très pra­ti­quant – il aurait été plus dif­fi­cile de déve­lop­per une indus­trie comme la nôtre à Qué­bec. Heu­reu­se­ment, une clien­tèle plus variée vient aus­si ali­men­ter notre petite uni­té de pro­duc­tion : agences de publi­ci­té, jour­naux, indus­tries, muni­ci­pa­li­tés, télé­vi­sion (nais­sante), etc. » Lavoie, « Le ciné­ma­to­graphe de mon père », 30.

  41. Publi­ci­té pour Les Docu­men­taires Lavoie parue dans La Belle Pro­vince 5 (novembre 1950) : 12.

  42. « Une réus­site », cou­pure du jour­nal L’Action Catho­lique (17 jan­vier 1950 ?). Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  43. En pays neuf (Mau­rice Proulx, 1937) a été sono­ri­sé à New York ; La dame aux camé­lias, la vraie (Gra­tien Géli­nas, 1943) est un court métrage ; et la dizaine de longs métrages de fic­tion pro­duits dans la pro­vince entre 1944 et 1950 ont été réa­li­sés ou co-réa­li­sés par des cinéastes d’origine fran­çaise (René Dela­croix, Paul Gury), etc.

  44. La Bay State Film Pro­duc­tion se trou­vait au 458, Bridge Street, à Spring­field, dans le Mas­sa­chus­setts. Son pré­sident était Mor­ton H. Read. Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  45. « Ces voûtes sont à l’épreuve du feu et sont tenues dans des condi­tions idéales pour bien conser­ver un film. […] Tous les néga­tifs de films que j’ai réa­li­sés sont gar­dés là. » Lettre d’Herménégilde Lavoie adres­sée à Anto­nin Des­lau­riers, gref­fier de l’hôtel de ville de Sher­brooke, en date du 12 sep­tembre 1953. Voir BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  46. Comme, par exemple, pour le film Sher­brooke, la reine des Can­tons de l’Est, réa­li­sé pour la ville de Sher­brooke en 1953, ou encore The Sto­ry of Zone 2 (1953), réa­li­sé pour le compte de plu­sieurs jour­naux qué­bé­cois.

  47. En novembre 1956, il cherche à faire l’acquisition d’un enre­gis­treur de son magné­tique 16 mm auprès de la com­pa­gnie anglaise Brad­ma­tic, située à Bir­min­gham.

  48. « The Ame­ri­can bor­ders are clo­sed to me for the next six months, but I am sure it will be arran­ged soon. […] Many lit­tle things cau­sed all this, no one serious but I have been vic­tim of the cir­cum­stances. » Lettre d’Herménégilde Lavoie adres­sée à Mor­ton H. Read en date du 18 [novembre ?] 1952. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  49. « My films have been clear [sic] from cus­toms and I have them in hand. » Her­mé­né­gilde Lavoie à Fran­cis Leten­der, 10 novembre 1952. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  50. Richard Lavoie, entre­vue avec l’auteure, juillet 2018.

  51. L’Évènement Jour­nal est une fusion du jour­nal L’Évènement de Qué­bec, ache­té par Jacob Nicol en 1936, et de Le Jour­nal, ache­té deux ans plus tard. Voir « Jacob Nicol », https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Nicol (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  52. Le Nou­vel­liste a été fon­dé à Trois-Rivières en 1930 par Joseph Her­man-For­tier, avant d’être rache­té par Jacob Nicol en 1935. Voir André Beau­lieu et Jean Hame­lin, La presse qué­bé­coise des ori­gines à nos jours. 1920–1934 (Qué­bec : Presses de l’U­ni­ver­si­té Laval, 1982), 17–21, et « Fon­da­tion du jour­nal Le Nou­vel­liste à Trois-Rivières », http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/311.html (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  53. « Jacob Nicol ».

  54. « Le Nou­vel­liste (Trois-Rivières) », https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Nouvelliste_(Trois-Rivi%C3%A8res) (der­nière consul­ta­tion le 20 mai 2021).

  55. « Une ini­tia­tive du Soleil jugée apte à réagir contre le chô­mage », Le Soleil (12 novembre 1954).

  56. Voir la lettre du Soleil du 16 juin 1953, qui donne le feu vert à Her­mé­né­gilde pour tour­ner The Sto­ry of Zone 2. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  57. BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  58. La pre­mière du film a d’ailleurs sym­bo­li­que­ment lieu au Pavillon d’économie de l’Université Laval.

  59. « Jacob Nicol ».

  60. Le Soleil (11 novembre 1960).

  61. « La cité de Qué­bec a main­te­nant en main les pro­po­si­tions de deux cinéastes qué­bé­cois, Mes­sieurs Lavoie et Des­mar­teaux. Jusqu’ici, soit depuis près de cinq ans, il n’y avait qu’une pro­po­si­tion de Mon­sieur Lavoie. Depuis hier, il y a celle de Mon­sieur Charles Des­mar­teaux qui a pro­po­sé cinq films à la cité. Après lec­ture de l’offre, l’échevin Beau­pré a rap­pe­lé l’offre Lavoie qui était res­tée sur le tapis. Le maire a répon­du que cette pro­po­si­tion tient tou­jours et que de plus, il est un vieux citoyen de la ville. Nous tenons un dos­sier com­plet de ces pro­jets de films a dit le pre­mier magis­trat. » « Deux cinéastes font des pro­po­si­tions », Le Soleil (24 ou 29 novembre 1960). BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie.

  62. La revue est qua­li­fiée ain­si par Benoît Cor­ri­vault dans un encart de la revue Ensemble (avril 1949).

  63. Juillet 1946 ‑1950 (?). « Publi­ca­tion tri­mes­trielle. Petit in-quar­to (21,7 par 28 cm) de 22 à 34 pages sur deux colonnes. » André Beau­lieu, Jean Bou­cher, Jean Hame­lin, Gérard Lau­rence et Joce­lyn Saint-Pierre, La presse qué­bé­coise. 1945–1954 (Qué­bec : Presses de l’Université Laval,1987), 46.

  64. Lavoie « Le tou­risme, affaire de tous », 1–2.

  65. « L’éducation par le film, quel bon moyen de mieux faire connaître sa pro­vince, aimer son pays ! Par­tout où l’on pour­ra pré­sen­ter des films, qu’on pré­pare une ins­tal­la­tion appro­priée, qu’on y mette à l’affiche des films récréa­tifs et ins­truc­tifs ; par ce moyen, peut-être réus­si­rons-nous à faire com­prendre qu’il faut ces­ser de croire que tout est plus beau ailleurs que chez nous. » Alexandre Mar­tin, « L’orientation des loi­sirs », La Belle Pro­vince, 2.1 (novembre 1946) : 26. Antoine Pel­le­tier note qu’en 1920, des agro­nomes du minis­tère de l’Agriculture du Qué­bec « vul­ga­risent l’enseignement agri­cole par la ciné­ma­to­gra­phie », fai­sant du Qué­bec « la pre­mière pro­vince cana­dienne à uti­li­ser le film à des fins édu­ca­tives ». Antoine Pel­le­tier, « L’aventure de l’Office du film du Qué­bec », 44–47. L’abbé Proulx, qui tourne son pre­mier film en 1934, et qui, comme le rap­pelle Pierre Demers, « a d’abord été pro­fes­seur d’agronomie à la facul­té d’agriculture de Ste-Anne de la Poca­tière (affi­liée à Laval) » conçoit ses films « comme des ins­tru­ments, des docu­ments d’éducation agri­cole pour ses étu­diants et pour les agri­cul­teurs de la pro­vince de Qué­bec. » Pierre Demers, « La leçon du ciné­ma “nature” », Ciné­ma Qué­bec 4.6 (1975) : 18.

  66. Voir « Les buts du Club des Habi­tants » au dos de la page de cou­ver­ture de chaque paru­tion de La Belle Pro­vince.

  67. Pierre Demers, « Un pion­nier du docu­men­taire : l’abbé Proulx ». Ciné­ma Qué­bec 4.6 (1975) : 17–33.

  68. Benoît Cor­ri­vault : « La Belle Pro­vince : la nou­velle revue du Club des Habi­tants. Pour une pro­vince plus belle et plus pros­père. » Ensemble (avril 1949 [?]).

  69. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous ».

  70. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous », 3.

  71. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous », 3.

  72. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous », 3.

  73. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous », 3.

  74. Mau­rice Hébert, direc­teur géné­ral de l’Office du tou­risme de la pro­vince, publie dans La Belle Pro­vince un article inti­tu­lé « Embel­lir, c’est créer de la richesse et du bien-être », dans lequel il men­tionne les efforts du Club des Habi­tants, des chambres de com­merce, des syn­di­cats d’initiative et des socié­tés natio­nales, « ani­més d’un véri­table esprit civique », pour embel­lir leur pro­vince. Voir Hébert, « Embel­lir, c’est créer de la richesse et du bien-être », La Belle Pro­vince 1.1 (juillet 1946) : 5, 11.

  75. Le Bul­le­tin com­mence par féli­ci­ter les trois repré­sen­tants directs du « Tou­risme récep­tif fran­çais » : Mes­sieurs Cany (pré­sident de la fédé­ra­tion des syn­di­cats d’initiative pour le Mas­sif Cen­tral) ; Reu­brez (secré­taire de la fédé­ra­tion des syn­di­cats d’initiative pour le Nord) et Lafaye (pré­sident du syn­di­cat d’initiative de Nice), tous trois faits che­va­liers de la Légion d’honneur.

  76. Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative de France, colo­nies et pro­tec­to­rats, Bul­le­tin offi­ciel (juillet-août 1923) : 106.

  77. Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative de France, colo­nies et pro­tec­to­rats, Bul­le­tin offi­ciel (juillet-août 1923) : 107.

  78. « Son appa­ri­tion dans l’histoire des pro­jec­tions d’images n’est pas datée, il semble tou­te­fois émer­ger au début du xxe siècle, afin de rem­pla­cer les vues sur verre qui agré­men­taient tout au long du xixe siècle les confé­rences accom­pa­gnées par la pro­jec­tion. Il paraît tom­ber en désué­tude aux alen­tours des années 1980, pro­ba­ble­ment sup­plan­té par la dia­po­si­tive qui per­met­tait à l’usager de s’émanciper de la conti­nui­té impo­sée par la bande pel­li­cu­laire. » Valé­rie Vignaux, « Le film fixe Pathéo­ra­ma (1921) ou généa­lo­gie d’une inven­tion », Tré­ma 41 (2014).

  79. Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative de France, colo­nies et pro­tec­to­rats, Bul­le­tin offi­ciel (juillet-août 1923) : 120.

  80. Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative de France, colo­nies et pro­tec­to­rats, Bul­le­tin offi­ciel (juillet-août 1923) : 106.

  81. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous », 2

  82. Lavoie, « Le tou­risme, affaire de tous ».

  83. « Les S.I. et Fédé­ra­tions doivent adres­ser l’U.F.S.I., exem­plaire [sic] de toutes leurs bro­chures de pro­pa­gande afin de consti­tuer la biblio­thèque du tou­risme, où cha­cun pour­ra se docu­men­ter sur les efforts accom­plis, à tous les points de vue, par les autres grou­pe­ments. Afin de pou­voir mettre de jolies vues à la dis­po­si­tion des publi­ca­tions de plus en plus nom­breuses qui demandent de les aider à illus­trer des articles de tou­risme ou de séjour, l’U.F.S.I. va consti­tuer une biblio­thèque pho­to­gra­phique. Les S.I. et Fédé­ra­tions com­pren­dront l’intérêt qu’ils ont à envoyer les élé­ments néces­saires qui per­met­tront d’établir une docu­men­ta­tion pho­to­gra­phique aus­si com­plète que pos­sible sur la France entière. » Union des fédé­ra­tions des syn­di­cats d’initiative de France, colo­nies et pro­tec­to­rats, Bul­le­tin offi­ciel (juillet-août 1923) : 105.

  84. Her­mé­né­gilde Lavoie, « Le Tou­risme », La Belle Pro­vince 5.5 (novembre 1950) : 3.

  85. Copie de consul­ta­tion, dvd FN2000-0765, Centre d’archives de Qué­bec, BAnQ.

  86. « La mois­son sera belle mais qui la fera ? Pour que la France mange cet hiver soyez volon­taires au ser­vice civique rural. » Secré­ta­riat d’État au tra­vail. Com­mis­sa­riat à la lutte contre le chô­mage, signée Cinq. Cette affiche a été numé­ri­sée par la Biblio­thèque His­to­rique de la Ville de Paris (cote 1‑AFF-000639). https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0002139924/v0001.simple.highlight=%C3%89diteur:%20%22Office%20de%20la%20publicit%C3%A9%20g%C3%A9n%C3%A9rale%22.selectedTab=record (der­nière consul­ta­tion le 26 août 2021).

  87. « Que­bec Lar­gest Fami­ly Is “All Out” for War ». RKO Pathé News, (vers 1940), BAnQ, fonds Her­mé­né­gilde Lavoie, S77,SS1,DFN2000-075.

  88. Au sujet duquel Patrick Bos­sé déclare : « Avec son maté­riel fil­mique accu­mu­lé aux quatre coins de la pro­vince, [Albert Tes­sier] entame la créa­tion d’un por­trait pro­to­réa­liste de la pay­san­ne­rie cana­dienne-fran­çaise. Son film [Hom­mage à notre pay­san­ne­rie, 1938] lui ser­vi­ra à plus de 1 500 reprises lors de confé­rences édu­ca­tives pour révé­ler à chaque spec­ta­teur pay­san, chaque public croyant, leur pos­si­bi­li­té de vivre une vie saine, sainte et indé­pen­dante par l’agriculture en famille avec des struc­tures effi­caces dans leur vil­lage. » Patrick Bos­sé, Poli­tiques d’un ciné­ma vers l’État-nation : Hom­mage à notre pay­san­ne­rie (1938) de l’abbé Albert Tes­sier, mémoire de maî­trise (Uni­ver­si­té Concor­dia, 2008).

  89. Quant à Mau­rice Proulx (éga­le­ment agro­nome), il accom­pagne en 1934 et en 1937 des groupes de colons par­tis peu­pler, défri­cher et culti­ver des terres en Abi­ti­bi avec l’appui du gou­ver­ne­ment qué­bé­cois et du cler­gé, qui cherchent à contrer la crise éco­no­mique.

  90. Jean Simard, « Un siècle de films eth­no­lo­giques et de trans­mis­sion du patri­moine imma­té­riel », Rabas­ka 5 (2007) : 71–85.

  91. Demers, « L’abbé Proulx et le ciné­ma­to­graphe».

  92. Entre­vue de Pierre Demers avec l’abbé Mau­rice Proulx, « Faire des films à une époque héroïque », Ciné­ma Qué­bec 4.6 (1975) : 22.

  93. Demers : « L’abbé Proulx et le ciné­ma­to­graphe », 18–21.

  94. L’article s’est beau­coup enri­chi à la suite de ma ren­contre, en juillet 2018, avec le fils d’Herménégilde Lavoie, Richard Lavoie, éga­le­ment cinéaste, que je remer­cie cha­leu­reu­se­ment pour m’avoir accor­dé de son temps. Je suis aus­si infi­ni­ment recon­nais­sante envers Louis Pel­le­tier, qui m’a patiem­ment accom­pa­gnée sur les nom­breuses mou­tures de cet article. Je tiens éga­le­ment à remer­cier Jean-Pierre Sirois-Tra­han. Le pré­sent article n’aurait pas vu le jour sans son cours « Études ciné­ma­to­gra­phiques II : l’hypermédialité du ciné­ma au Qué­bec » (Uni­ver­si­té Laval, hiver 2017). Mer­ci aux éva­lua­teurs ano­nymes et à Émi­lie Bau­duin, pour leur pré­cieux tra­vail de révi­sion ain­si qu’aux archi­vistes de BAnQ Qué­bec, en par­ti­cu­lier Natha­lie Vaillan­court et Michel Simard, pour leur aimable assis­tance. Enfin, mer­ci à Mireille Ber­ge­ron, archi­viste adjointe des Sœurs du Bon-Pas­teur de Qué­bec, de m’avoir ren­sei­gnée sur le film Le Bon-Pas­teur.